Oui, un gouvernement économique de la zone euro est une bonne idée

L’évolution du débat initié par le president de la République sur un gouvernement économique de la zone euro laisse pantois.

Finalement, pourrait-on dire, la proposition a été bien accueillie en France, et par des gens très divers. L’idée fédératrice est simple à percevoir: évoquer un gouvernement, c’est enfin réintroduire de la politique dans un débat jusqu’ici dévoré par la technique. Dominique Strauss-Kahn dans sa contribution à très bien résumé la chose et en France, politiser un débat ne peut que rencontrer le succès. Accessoirement, beaucoup doivent y voir un moyen de rééquilibrer le débat franco-allemand, persuadés que nous sommes que nos amis d’outre-Rhin, très forts dans la technique, n’entendent rien dans la politique.

On pourrait, au choix, qualifier cette pensée de magique ou de très bête. La politique ne peut pas être considérée comme un élément sournois qui éviterait, par un artifice tactique, ou par la chaleur de la parole, de se confronter à la réalité des problèmes.

Quels sont les problèmes de la France? D’abord, la nature de ces déficits. Malgré des efforts et des réformes, les déficits en France ne cessent de croître. Au début des années 2000, la moyenne des déficits publics annuels était de trente milliards d’euros. Aujourd’hui, elle est d’environ 80 milliards. Autrement dit, à la manière dont agirait la morphine, la facilité d’usage que représente la dépense d’un argent que l’on n’a pas chloroforme à ce point les esprits que plus personne ne perçoit l’artificialité dans laquelle vit la France.

L’autre problème auquel nous sommes confrontés tient à l’affaiblissement mortel dans la compétition mondiale de la compétitivité de notre économie Si le pacte de responsabilité et le CICE ont commencé à traiter cette difficulté, les enjeux et les urgences dépassent, et de loin, ce qui a été entrepris.

S’il devait voir le jour, et c’est souhaitable, un gouvernement de la zone euro nous obligerait à traiter rapidement, et violemment, ces deux problèmes. La raison d’être d’une telle direction politique tiendrait entière dans l’obligation d’une convergence budgétaire et fiscale de la dite zone, véritable faiblesse de la zone monétaire aujourd’hui. Institué de manière légitime, un tel gouvernement n’aurait de sens que s’il possédait le pouvoir d’imposer à chacun des membres ces politiques convergentes, indispensables à terme sous peine de voir la monnaie disparaître.

Tous ceux qui, en France, soutiennent l’idée d’un tel gouvernement, acceptent-ils aussi la part de supranationalité qu’il suggère? Et en acceptent-ils par avance la conséquence principale, à savoir une austérité marquée qui permettra seule de rétablir sur ordre, et il n’est que temps, l’équilibre des comptes publics et la ré stauration de la compétitivité des entreprises?

On voudrait être sûr que les esprits soient clairs là dessus. Et pour tout dire, il n’est pas possible de l’être tant l’utilisation de l’idée politique ressemble ici à un leurre, une manière fausse et vaine de reprendre la,main face à des partenaires qui ont depuis longtemps accompli un travail de rénovation de leurs structures, chantier devant lequel nous reculons depuis trop d’années.